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Boiscommun au Moyen Age

Réunion au domaine royal

Boiscommun faisait partie du comté du Gâtinais, qui s'étendait au sud-ouest jusqu'à Nibelle et était séparé du duché d'Orléans par la forêt. En 1069, le Gâtinais fut cédé au roi par son dernier comte, Foulques le Réchin.

En réalité, le roi Philippe Ier (1060-1108) n'eut guère qu'une autorité nominale. S'il était devenu suzerain immédiatement, le sol continuait d'appartenir à une multitude de seigneurs devant faire hommage au roi; petits et grands, depuis les vicomtes, jusqu'aux plus infimes vassaux ou vavasseurs, tous obéissant librement à leurs instincts belliqueux et pillards.

Avec Louis VI le Gros ( 1108-1137), il en alla tout autrement. Le nouveau roi, toujours à cheval et par les champs, s'appliqua à se faire obéir et redouter dans toute l'étendue du domaine royal, en usant de la force des communes pour mettre à la raison les brigands féodaux qui terrorisaient le pays. Rien qu'autour de nous, on peut citer ses expéditions contre La Ferté Alais, Château Renard et Saint-Brisson. A côté de cette oeuvre de police et de gendarmerie, il employait aussi des moyens pacifiques et, par exemple, il achetait force terres et seigneuries afin d'y implanter ses agents et d'en faire à la fois des foyers d'influence où il faisait surveiller ses turbulents vassaux et des lieux de refuge pour les serfs du voisinage.

Après Louis VI, son fils Louis VII Le Jeune (1137-1180) imita cet exemple, et c'est dans une circonstance de ce genre que l'on rencontre pour la première fois le nom de Boiscommun. Désormais les textes ne manquent plus et, pour retracer cette période décisive de notre histoire, il suffira de les rapprocher et d'en tirer les enseignements qu'ils comportent.

Vers la fin du XIIème siècle, Boiscommun avait donc ses seigneurs particuliers. C'était alors un simple village, un modeste alleu, et le Sire d'assez mince importance qui le possédait en 1167 s'appelait Robert Morin.

Ce seigneur n'était pas heureux, entouré comme il l'était de voisins mal intentionnés qui lui rendaient l'existence impossible. Désespérant de vivre en paix avec eux s'il n'était réduit qu'à ses propres forces, il avisa d'offrir au roi sa seigneurie, en s'y réservant la seconde place, avec toutes sortes de droits utiles ou honorifiques. Louis le jeune accepta avec empressement cette offre, qui le rendait mettre d'une position importante aux abords de la forêt d'Orléans, dans une région troublée où il ne possédait rien, entre Lorris et Chambon.

Boiscommun devint donc un domaine de la couronne et, par une Charte en forme, le roi assura à Robert Morin et à ses héritiers, avec divers droits et privilèges, la conciergerie des bâtiments royaux, c'est-à-dire ce qu'on appellera plus tard la charge de Capitaine châtelain ou de Gouverneur.

Voici le texte intégral de cette charte, découverte il y a quelques années d'après un Vidimus (c'est-à-dire un acte conforme à l'original), le plus ancien registre du trésor des Chartes. Elle est le premier titre authentique de l'histoire de Boiscommun.


Au nom de la Sainte et Une Trinité, Louis, par la grâce de Dieu, roi des Français, faisons savoir, à tous présents et à venir, que Robert, fils de Morin, possédait un alleu qu'on appelle Boiscomin, mais comme, à cause de ses méchants voisins, il ne pouvait y dominer à sa volonté et à son besoin, il nous a fait don de cet alleu, où il s'est réservé de notre consentement trois maisons, avec chaque maison un arpent de terre, et environ sept mines [mesure agraire locale] de terre hors du village, pour en jouir librement, lui et ses héritiers, sans payer aucun impôt. Nous lui avons accordé aussi, et sans être notre justiciable, sauf en cas de délit contre notre personne, ou contre un membre de notre conseil.

Nous avons accordé audit Sieur Robert d'accuser les trois arpents et la terre qu'il s'est réservée hors du village, à des notes dont il touchera les redevances sans notre juridiction. Enfin nous lui avons donné en héritage la conciergerie de nos bâtiments. Et, pour que ce soit la chose stable et connue de tous, nous avons fait sceller de notre sceau et revêtir de notre seing le présent acte à Fontainebleau l'an de l'incarnation du seigneur 1167.


Il y eut donc à Boiscommun un château royal, comme dans toutes les possessions directes de la couronne, et ce château figure sur une liste de forteresses, dressée sous le régne de Philippe-Auguste. Il n'était pas convenable en effet qu'en visitant ses domaines, le roi fût à la merci d'un coup de main. Ce château fut habité à maintes reprises par Louis VII le Jeune, par la reine sa femme, et par leurs successeurs, y compris les fils de Philippe le Bel.

Dès 1174, on trouve des chartes du roi datées de son château, ou plutôt « son palais de Boiscommun », car tous les châteaux habités par le roi et sa suite devenaient momentanément « son palais ». Cette coutume s'est conservée dans certains pays à régime monarchique.

On a cru pouvoir expliquer par une passion pour la chasse les séjours fréquents que les rois Capétiens faisaient tour à tour dans les différents châteaux de leur domaine. C'est là une explication puérile que dément d'ailleurs la présence de la reine et surtout le fait que ces châteaux étaient loin d'être tous en pays giboyeux.

La vérité est que les souverains n'avaient pas alors de liste civile et que leurs principaux revenus consistaient dans les produits agricoles provenant de l'exploitation de leurs terres. Ils se transportaient donc successivement dans les bourgs et châteaux leur appartenant en propre, et y séjournaient avec leur cour jusqu'à épuisement des provisions, mises en réserve par l'intendant du domaine ; cette façon primitive de toucher les revenus n'a duré que jusqu'au début du XIVème siècle. Voilà pourquoi les séjours des rois de France à Boiscommun comme ailleurs, si fréquents chez les Capétiens, cessent brusquement à l'avènement des Valois, où ils ne sont dus désormais qu'à des causes différentes et purement accidentelles. C'est en 1345 que Boiscommun entrera dans la constitution du duché d'Orléans.


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