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Boiscommun au Moyen Age

Coutumes de Boiscommun

Non content de fortifier son nouveau domaine, Louis Lejeune s'occupa de le peupler. Pour en accroître l'importance et y attirer les populations d'alentour, il eut recours à un moyen que son père avait employé avec succès à Yèvre-le-Châtel et à Lorris : il concéda aux habitants une charte de coutumes.

C'est une erreur de croire que les coutumes n'avaient rien de commun avec les chartes d'établissement du Nord de la France. Tandis que les communes de Picardie et de Flandre étaient de petites républiques autonomes, Boiscommun restait soumis au régime prévôtal. Le prévôt du roi et ses sergents y étaient tout-puissants et les habitants n'avaient aucune part à la gestion des affaires communales. Ces coutumes n'établissaient pas l'exemption de tout impôt au profit des habitants. Pour qui s'est donné la peine de lire les 34 articles de la charte de Boiscommun, il est facile de se convaincre que non seulement elle ne confére aux bourgeois du lieu aucun droit politique, mais qu'elle a pour but essentiel de ramener à un taux raisonnable, et de tarifier une fois pour toutes, les exactions de toutes sortes dont la féodalité avait accablé les serfs du Gâtinais.

Ainsi le cens, sorte d'impôt foncier, est réduit à 60 deniers par arpent de terre, et par maison. Le taux exhorbitant des amendes est abaissé de 60 sols ou de 5 sols à 12 deniers pour les délits et à 4 deniers pour les contraventions. Pour avoir laissé paître des bestiaux en forêt, l'amende sera de 12 deniers par animal. En cas de duel judiciaire, si l'affaire s'arrange avant de donner les otages, l'amende sera de 2 sols 1/2, et si le duel a eu lieu, les otages ou vassaux paieront 112 sols. Il ne sera dû qu'un denier par voiture de sel ou de vin allant à Orléans. Les corvées sont réduites à une seule, pour mener le vin du roi à Orléans. Le bon pour la vente du vin sera levé aussitôt que le roi devra vendre le vin de son cellier. Le droit, pour le roi et sa suite, de prendre des vivres à crédit est limité à 15 jours, etc.

L'énumération de tous les droits abusifs abolis pour les bourgeois de Boiscommun serait fastidieuse, et interminable en raison des commentaires dont il faudrait l'accompagner. Elle serait cependant instructive en montrant, par contraste, combien était misérable la condition des villages auxquels ne fut pas étendu le bienfait de ces coutumes.

L'avènement du seigneur, le mariage de ses fils, leur armement chevalier, enfin, si le seigneur était fait prisonnier en cas de guerre, tout était prétexte pour lever des aides, dépouiller les pauvres serfs de leurs biens et de leur argent. Aussi est-ce déjà un progrès énorme de ne plus être à l'entière discrétion des puissants, de limiter le champ de leurs exigences et d'en faire apparaître l'arbitraire.

Désormais, on pourrait travailler, économiser pour les siens, sans craindre d'être dépossédé entièrement du fruit de son labeur. Les coutumes méritent donc le nom de Franchise qui leur est souvent donné en 1137.

C'est dans un but intéressé que Louis le jeune avait ainsi favorisé Boiscommun. Le résultat recherché ne tarda pas à se produire. D'après l'article 18 de la Charte, les serfs du dehors, au bout d'un an et un jour de résidence sans avoir été réclamés, devenaient bourgeois du roi et ne pouvaient être inquiétés. Ils affluèrent, bientôt de nouvelles habitations furent construites et la population augmenta rapidement. On en a la preuve dans une charte du Prieur de Puiseaux en 1181. Les moines, trouvant que par suite du nombre toujours croissant des habitants de Yèvre et de Boiscommun qui fréquentaient leurs marchés et étaient affranchis du tonlieu, le revenu de ces marchés diminuait, obtinrent du roi que cette dispense fut retirée et qu'ils fussent assujettis aux mêmes droits que les autres habitants du Gâtinais. Dans d'autres pays les seigneurs, voyant leurs terres se dépeupler au profit des villages de la couronne, firent des traités avec le roi pour enrayer le mouvement, en s'interdisant mutuellement de recevoir de nouveaux habitants venus de chez les contractants.


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