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La Réforme à Boiscommun

Boiscommun emau tps de la Ligue

La guerre ne se présente pas toujours sous un aussi bel aspect. Pour avoir une idée de ce qu'elle cache souvent de laideur et d'atrocité, il suffit de résumer ce que le pays a enduré durant les dernières années des guerres de Religion.

Jusque-là, Boiscommun n'avait pas trop souffert des ravages des armées, lorsque la Ligue déchaîna sur la France, les pires passions ruinant les derniers vestiges d'autorité et introduisant de toutes parts les étrangers chez nous. Il y eut alors, pour ce petit coin de terre, quelques années de fer, de sang et de larmes, capables de donner des cauchemars à qui soulèverait complètement le voile qui recouvre toutes ces horreurs. En quatre années, de 1589 à 1593, la ville de Boiscommun est prise, reprise, et saccagée une dizaine de fois. Royalistes, Huguenots et ligueurs déchirent à l'envie cette malheureuse proie, sans compter que les passions les plus basses, ou les convoitises personnelles d'une féodalité renaissante, se couvrent le plus souvent du masque de l'esprit de parti.

Il y eut d'abord le passage des armées et les ravages des gens de guerre. Ainsi, le 22 juin 1589, les armées coalisées de Henri III et du roi de Navarre partirent de Châteauneuf-sur-Loire pour marcher sur Paris, enlevant au passage Boiscommun qui avait adhéré à la Ligue.

Les deux rois couchèrent dans le voisinage de Beaune-la-Rolande. Quant aux soldats, peu ou point payés et réduits à vivre sur l'habitant, on peut imaginer de quelle façon ils traitèrent la petite ville, bien qu'elle n'eut pas fait de résistance.

A la fin de l'année suivante, après de graves évènements qui avaient amené la levée du siège que Henri IV avait mis devant Paris et la prise de Corbeil par les Espagnols, les ligueurs relevèrent la tête. L'armée du maréchal de La Châtre parcourut le Gâtinais; en passant par Boiscommun, ses soldats y vécurent à discrétion, et on sait ce que ce mot signifie dans le langage des soldats du bon vieux temps.

En 1591, la ville était rattachée à la Ligue, mais les habitants avaient la prétention de se garder eux-mêmes. Le régiment du Couldray parti d'Orléans, arriva de nuit sous les murs de Boiscommun, et s'empara de la place par escalade.

Durant deux mois, les gens de guerre y séjournèrent, commettant toutes sortes de désordres, abattant les maisons et y mettant le feu, rançonnant les habitants de la ville, avec tout ce qui s'ensuit. Enfin, au mois de février 1592, une dernière armée, royaliste celle-là, composée de reîtres et de Français sous les ordres du maréchal d'Aumont et du vidame de Chartres, obligea les habitants de Boiscommun à lui ouvrir les portes, et s'écoula comme un torrent dévastateur, ne laissant que ruines sur son passage.

Cependant, à mesure que la guerre civile se prolongeait et que le pays était plongé dans une anarchie croissante, la noblesse sentait revivre ses instincts d'autrefois, et cherchait à se tailler à coups d'épée, des souverainetés grandes et petites dans le grand corps de la France meurtrie.

Ces tentatives réussirent en partie dans les provinces les plus éloignées du centre, et donnèrent plus tard bien du souci au grand cardinal de Richelieu. Dans nos contrées, elles furent moins heureuses et n'eurent pour résultat que d'épuiser le peuple des petites villes et des campagnes.

Le 7 juillet, jean du Monceau dit Tignonville, seigneur de Nancray, attaqua Boiscommun (pourquoi ? nul ne le sait). Il se présenta inopinément avec une poignée de partisans à l'une des portes de la basse ville; heureusement les bourgeois de Boiscommun faisaient bonne garde. Cette glorieuse défense ne coûta à la ville de Boiscommun que trois habitants : Nicolas Regnard, Étienne Menault et Jean Perret, vignerons, qui perdirent la vie entre la bascule et le pont levis de la ville basse. C'est pourquoi d'un commun accord et avec le consentement de MM. Zacharie Poissonnet lieutenant, Leber procureur du roi et Grégoire Arrault marguillier, alors sans échevin, les habitants décidèrent qu'une procession générale aurait lieu chaque année autour de la ville, suivie du chant du Libera pour le repos de l'âme des défunts, à l'entrée de l'église entre les deux premiers piliers. Après le Libera on chantait un Te Deum d'action de grâces. La cérémonie avait lieu le 15 août. Cette célébration fut sans lendemain car, le 15 janvier 1593 eut lieu un autre siège du même genre. De nuit cette fois, les gens de René de Barbançon, dit saint Martin, seigneur de Gaubertin, escaladèrent les murs de la ville et s'emparèrent de celle-ci par surprise, les vainqueurs se conduisant comme en pays conquis. Puis, pour ne pas être délogés de Boiscommun, saint Martin fit abattre trente ou quarante des plus belles maisons du pays et commença la construction d'un fort, auquel il obligea les habitants à travailler pendant cinq mois.

Il ne jouit pas longtemps de la conquête. Le capitaine Cadillaux, qui nourrissait envers lui une haine farouche, créa un puissant parti contre lui, s'empara de la forteresse et le chassa de la ville avec ses gens. Il est vrai que le désordre et la confusion furent encore plus grands qu'auparavant ; et entre Cadillaux renfermé dans la forteresse et saint Martin qui tenait la campagne, les habitants de Boiscommun se trouvèrent pris entre deux feux. Enfin, au mois d'août, le commandement de la ville, fut réuni à Alexandre de Tolaston seigneur de Bordeaux les Rouches, qui joua le rôle de troisième larron et se fit nommer gouverneur par le roi.

Saint Martin n'avait pas perdu tout espoir de se ressaisir de la ville. Il usa de tant de stratagèmes que, vers le mois de décembre, il arriva à ses fins. Dans une nouvelle attaque, Tolaston fut tué avec plusieurs habitants, mais ses soldats ne perdirent pas courage. Ils firent bonne contenance, gagnèrent la forteresse et, pour la dégager, incendièrent les maisons voisines. Nouveau désastre.

Le capitaine Cadillaux accourut au secours de la ville, non pas tant pour la défendre (dit la chronique) que pour avoir sa part des dépouilles. Il réussit à en chasser saint Martin et, s'en étant rendu maître, s'y logea avec ses soldats qui durant un mois causèrent à leur tour de nouveaux dommages. Boiscommun, épuisé par tant d'horreurs, ne recouvra jamais son ancienne prospérité.

Ce récit navrant peut donner une idée de ce qu'ont été les misères et les souffrances de notre pays dans cette époque troublée d'invasions et de guerre civile. On s'explique aussi la terreur dont les paysans étaient saisis lors des passages de troupes, et pourquoi dans les villes assez fortes pour se défendre on fermait les portes et on garnissait les remparts à l'approche d'un régiment du roi.

En 1594, Henri IV ne possédait plus Boiscommun depuis deux ans. Il avait vendu, avec faculté de rachat perpétuel, au chevalier Lorenz Arraquier, colonel suisse au régiment de Soleure, la terre et seigneurie de Boiscommun et ses dépendances, moyennant trois mille écus d'or. Un pareil engagement n'avait été souscrit que par fidéicommis, au profit du marquis de l'Hopital Vitry, seigneur du Hallier. La vente ne changea rien au fonctionnement de la vie civile et religieuse de la cité.

Le château, ruiné par le temps et abandonné par les rois, n'offrait plus dès 1580 qu'une partie dans laquelle on rendait la justice, en dehors des prisons qui servirent encore à la Révolution et où fut enfermé M. de Longueau Saint-Michel le 29 septembre 1793.


Abjuration et profession de foi, et supplément des cérémonies
du baptême de David Jean-François Melet en 1750
natif de la ville de Mondon (Canton de Berne)

Ce jourd'hui dix neuf avril mil sept cent cinquante, troisième dimanche d'après Pâques.

Nous, prieur curé de Boiscommun soussigné en vertu des pouvoirs à nous accordés par Monseigneur notre archevêque, après avoir reçu en public dans notre église pendant la messe de paroisse, l'abjuration de l'hérésie de Calvin prononcée à haute et intelligible voix par David Melet, fils de David et de Marie Malliard natif de la ville de Mondon, canton de Berne, et lui avoir fait faire aussi, à haute et intelligible voix, la profession de foy catholique apostolique et romaine, ainsi qu'elle est prescrite par le saint et oecuménique concile de trente, et l'avoir fait jurer sur les saints évangiles que telle était la croïance l'avons délié et absou de toute excommunication, et des autres censures encourues pour fait d'hérésie, et comme nous avions entendu ci devant la confession secrète de ses péchés, nous lui en avons donné publiquement l'absolution ; et sur le témoignage qu'il nous a rendu d'avoir été baptisé, en la forme et matière prescrite par l'église catholique, nous lui avons seulement supplée les cérémonies du baptême, ayant pour parrain noble homme François Huguet conseiller du roy et son procureur au siège royal de cette ville, et pour marraine Dame Françoise Pélerin, épouse de noble homme Claude Chabouillé, lieutenant civil et criminel au dit siège royal de cette ville, qui lui ont donné les noms de Jean François ; cette cérémonie terminée nous l'avons introduit dans le choeur, où il a entendu la sainte messe à la fin de laquelle, nous lui avons donné la sainte communion, en lui faisant faire de nouveau la profession de foy, sur le mistère de l'eucharistie ; le tout fait et passé dans notre église paroissiale, le dit jour et an ci dessus, en présence des parrain et marraine, des sieurs Claude Chabouillé lieutenant, Jérôme Laumonier contrôleur du grenier à sel de cette ville, de Denis Pélerin, Denis Martin et autres, qui ont signé avec nous.

Copie conforme du registre paroissial


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